Dans une tribune énergique pour « Le Point », l’ancien Premier ministre tire les leçons du 7 octobre 2023. Et éreinte Emmanuel Macron.
7 octobre 2023. Un an s'est écoulé. Cette date restera gravée comme un basculement dans l'histoire de ce début de XXIe siècle, après le 11 Septembre et les attaques contre la France en 2015, de Charlie Hebdo au Bataclan.
7 octobre 2023 : des femmes, des hommes, des vieillards, des gamins, parmi lesquels des Français, ont été massacrés, tués, violés ou enlevés, au cours du festival de musique Nova ou dans leurs kibboutz, dans le sud d'Israël.
Ces crimes ont été perpétrés par l'organisation islamiste et terroriste Hamas.
Le lendemain du 7 octobre est un jour sans fin. Nous y sommes toujours. La vague de haine vis-à-vis des Juifs et d'Israël qui a déferlé sur le monde dès le 8 octobre, avec l'aide des complices obscènes des islamistes – wokistes ou Insoumis –, n'a de cesse de faire des dégâts considérables dans nos sociétés.
La guerre fait rage au Moyen-Orient. Avec son cortège de civils morts, de populations déplacées et d'horreurs.
Comment le président Macron a-t-il pu parler d’une logique de “représailles” du Hezbollah ?
Le Hamas refuse de déposer les armes et de libérer les otages de la bande de Gaza. Le Hezbollah non plus n'a aucune intention de cessez-le-feu. Il est précisément celui qui l'a brisé le 8 octobre 2023 en bombardant Israël « en soutien aux Palestiniens ».
Cette réalité coordonnée par l'Iran, qui arme le groupe chiite, dure depuis maintenant près d'un an : plus de 9 000 missiles, drones et roquettes ont été lancés par le Hezbollah sur Israël.
Ainsi, plus de 60 000 civils israéliens ont dû abandonner leurs domiciles alors que 60 Israéliens ont perdu la vie et que plus de 190 millions de mètres carrés de terres ont brûlé.
Le temps où Israël est bombardé et menacé est terminé
Comment le président Macron a-t-il pu parler d'une logique de « représailles » du Hezbollah ?
Le Hezbollah a commencé cette guerre alors qu'Israël se battait encore sur son propre territoire contre des terroristes du Hamas et d'autres groupes islamistes infiltrés à la suite des massacres de la veille entraînant la mort de 1 200 personnes et la prise de 251 otages.
En se prononçant pour « l’arrêt de livraisons d’armes à Israël utilisées dans la bande de Gaza » (alors que notre pays n’en livre pas…), le président de la République commet une double faute morale et politique : il le fait à la veille des commémorations du 7 octobre et il s’éloigne d’un allié précieux.
Nous avons assisté à un pogrom à vocation génocidaire, avec la volonté de tuer le plus de Juifs possible, en massacrant, violant, humiliant des civils qui ne pouvaient pas se défendre et des militaires surpris par l'ampleur de l'attaque.
Le Hezbollah lui-même avait un plan semblable à celui du Hamas. Il bâtit depuis longtemps des infrastructures militaires au sud du Liban au milieu des populations civiles, et s'entraîne pour « conquérir la Galilée » et infliger à Israël un massacre d'encore plus grande envergure.
Le temps où Israël est bombardé et menacé est terminé.
Ne comprendre ni le basculement que représente cette date funeste dans la guerre que l'islamisme mène contre Israël et l'Occident ni le fait d'avoir encore 2 citoyens français parmi les 101 otages aux mains du Hamas à Gaza risque de signer l'incapacité de la France d'avoir une quelconque influence au Moyen-Orient. Pis, en se prononçant pour « l'arrêt de livraisons d'armes à Israël utilisées dans la bande de Gaza » (alors que notre pays n'en livre pas…), le président de la République commet une double faute morale et politique : il le fait à la veille des commémorations du 7 octobre et il s'éloigne d'un allié précieux.
Depuis un an, il a pratiqué une diplomatie au mieux en zigzag, au pire équidistante vis-à-vis d'Israël et de ses ennemis islamistes. Il a fait preuve de peu de sensibilité et d'une grande incompréhension du choc subi en tardant à se rendre en Israël après les attaques ou en étant absent de la grande manifestation du 12 novembre 2023 à Paris contre l'antisémitisme. Cela fait beaucoup…
La volonté est très large, quasi unanime en Israël au moins sur ce point-là : une attaque comme le 7 Octobre ne doit plus jamais pouvoir se reproduire.
Le temps où Israël est bombardé et menacé est terminé. L'Iran et ses milices alliées ont manifestement sous-estimé la détermination et les capacités d'Israël. Dans cette défense existentielle, sa réponse est d'en finir avec le Hamas et ses complices, véritables responsables de la mort de milliers de civils palestiniens utilisés comme boucliers humains dans cette guerre.
Pendant des mois, Israël a riposté au nord en visant sporadiquement les sites du Hezbollah depuis lesquels les roquettes étaient lancées sur son territoire. Pendant des mois, Israël a, comme d'autres pays, dont la France, appelé et cherché une solution diplomatique pour éviter l'embrasement, demandant notamment le respect de la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU 1701 de 2006. Cette résolution, contraignante selon le droit international, autorise uniquement la présence de l'armée régulière libanaise entre le fleuve Litani et la frontière sud avec Israël (ligne bleue) et exige le désarmement des groupes armés non étatiques. Force est de constater que le Conseil de sécurité de l'ONU, dont la France fait partie, n'a pas su faire appliquer ses propres décisions par le Hezbollah. Pourtant, son application est la seule solution acceptable pour la sécurité des habitants du Sud-Liban et du nord d'Israël.
Il faut être clair vis-à-vis de l'Iran
Dans ces conditions, les frappes israéliennes sur les positions du Hezbollah se sont intensifiées à la suite de l'explosion des bipeurs puis des talkies-walkies et radios utilisés par le Hezbollah pour communiquer. Prouesse technologique et tactique, la petite dose d'explosifs destinée à toucher uniquement les porteurs de ces outils a permis de mettre hors d'état de nuire des milliers de terroristes du Hezbollah. Tout en minimisant au maximum les effets collatéraux sur des civils.
Le danger fondamental pour l’État hébreu et le reste du monde demeure, même après le 7 Octobre, l’Iran et sa capacité de se doter de l’arme nucléaire.
Pourtant, le président Macron a tenu à s'adresser aux Libanais à la suite de cette attaque pour partager leur chagrin et se tenir à leurs côtés. Aux côtés de quels Libanais ? Les membres du groupe terroriste Hezbollah, responsables de l'assassinat de 58 militaires français en 1983 et de la prise d'otages de nos journalistes ? Le chagrin des Libanais pour cette frappe sur ceux qui mettent en danger leur vie quotidiennement en se cachant parmi la population civile et en envoyant des missiles depuis les zones civiles habitées ? Le président français a omis étrangement de mentionner un acteur clé dans cette situation : le Hezbollah.
Ce dernier n'a aucune intention de baisser les armes. Et c'est à lui que s'attaque Israël, pas au peuple libanais multiconfessionnel, pris en otage par cet « État dans l'État » financé par l'Iran, le trafic de drogue et ses réseaux en Afrique de l'Ouest et en Amérique latine.
La milice chiite a pour principal objectif énoncé dans sa charte fondatrice d'éliminer Israël de la surface du monde. Peu importe le nombre de personnes qui mourront et le temps qu'il faudra.
C'est cette organisation que dirigeait Hassan Nasrallah, dont personne ne peut sérieusement aujourd'hui regretter la disparition. C'est même "une mesure de justice", comme l'a déclaré le président Biden.
Il faut être clair vis-à-vis de l'Iran.
Le danger fondamental pour l'État hébreu et le reste du monde demeure, même après le 7 Octobre, l'Iran et sa capacité de se doter de l'arme nucléaire. L'attaque de missiles balistiques la plus massive de l'histoire par la République islamique sur Israël mardi 1er octobre impose que nos positions soient claires. Le guide suprême iranien, l'ayatollah Khomeini, a ordonné à ses troupes de propager la révolution islamique au monde entier en 1979.
La France doit sortir de sa position d'équilibriste
Pour imposer la suprématie chiite au monde arabe et combattre l'Occident, l'Iran utilise des milices comme le Hamas ou le Djihad islamique en Palestine, les houthis au Yémen, le Hezbollah en Syrie et au Liban, d'autres en Irak, quand il ne s'attaque pas directement à Israël comme en avril et octobre 2024. Et encore ces dernières heures le guide suprême actuel, Ali Khamenei, menace de destruction les Israéliens.
La France doit sortir de sa position d'équilibriste.
La France, de la même manière qu'elle condamne les attaques iraniennes, doit condamner les attaques de ses proxies sur Israël. Défendre Israël contre l'Iran mais ne pas le défendre contre le Hezbollah n'a pas de sens. La France doit sortir de sa position d'équilibriste qui ne convainc personne au Moyen-Orient et comprendre que des groupes comme le Hezbollah n'ont que faire de la cause palestinienne, qui leur sert d'excuse. Ce dernier a fait la guerre en Syrie pour sauver le régime el-Assad allié de la République islamique. Il a notamment affamé des Palestiniens puis a participé à leur massacre dans le camp de Yarmouk, dans la banlieue de Damas. Et la milice chiite garantit, par la violence, le « droit divin » de l'Iran de décider de l'avenir du Liban, pays ami de la France.
Si Israël tombe, nous tombons
La France a raison : la meilleure guerre est celle qui est évitée. Mais celle qui sera reportée par un cessez-le-feu permettra au Hezbollah de se réarmer et de se réorganiser après les pertes subies pour mieux attaquer Israël et semer la terreur.
Si Israël tombe, nous tombons.
C'est pourquoi il faut défendre le droit d'Israël à se défendre. C'est même un devoir de réponse d'un État démocratique et protecteur envers ses citoyens. N'en déplaise à certains, la France elle-même a eu à faire ce choix au lendemain des attaques de novembre 2015. Et, pendant qu'Israël se bat aussi pour nous, pour la défense de nos valeurs, nous devons être d'un soutien irréprochable. La France a condamné les transferts d'armes de l'Iran à la Russie. Elle doit le faire clairement pour les transferts d'armes de l'Iran au Hezbollah et aux autres milices.
Le monde doit comprendre qu'il s'agit d'une guerre de survie pour Israël, qui se bat seul face à ces menaces. Si Israël tombe, l'Europe est la ligne de front suivante face à l'islamisme.
Les solutions diplomatiques et politiques seront évidemment indispensables. La paix par le dialogue devra s'imposer. Israël a déjà signé il y a plusieurs décennies des accords de paix avec l'Égypte, la Jordanie et même avec les Palestiniens et a récemment cosigné avec d'autres pays arabes les accords d'Abraham, qui doivent mener à un apaisement durable dans la région. Il faudra reconstruire Gaza, trouver une vraie solution d'avenir et digne pour les Palestiniens, aider le Liban à se relever. Le rôle de l'Union européenne et de la France peut être essentiel.
Mais la condition préalable est la sécurité d'Israël et, par conséquent, il faut mettre un coup d'arrêt définitif aux agissements de l'Iran et de ses milices.
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