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Le faux pas d’Emmanuel Macron au Proche-Orient


L’ÉDITORIAL DE LUC DE BAROCHEZ. S’en prendre à Israël mais pas à l’Iran, qui surarme les milices terroristes à travers la région, c’est blâmer la victime et épargner l’agresseur.


Je pense qu'aujourd'hui, la priorité est qu'on revienne à une solution politique, qu'on cesse de livrer des armes pour mener des combats sur Gaza ; la France n'en livre pas. Maintenant, notre priorité est aussi d'éviter l'escalade. » Diffusée le 5 octobre par France Inter, la déclaration d'Emmanuel Macron met au jour tout ce qui ne va pas dans la politique qu'il mène face aux événements du Proche-Orient : hypocrisie, incohérence, complaisance vis-à-vis de l'Iran et de ses milices supplétives, méconnaissance de la menace posée par le terrorisme islamiste, sous-évaluation de la vague antisémite qui submerge l'Europe.


Un an après que le Hamas a commis le plus sanglant massacre de Juifs depuis la Shoah, le président de la République s'exprimait dans un contexte d'intensification des attaques contre Israël. Le 1er octobre, l'Iran tirait la plus puissante frappe de missiles balistiques qui a jamais visé un État souverain. Trois jours plus tard, le guide iranien Khamenei apparaissait fusil d'assaut en main à Téhéran, promettant que l'État juif n'en avait « plus pour longtemps ».


Deux semaines plus tôt, à New York, l'assemblée générale de l'ONU a été le théâtre d'assauts verbaux d'une vigueur inédite contre Jérusalem. Et depuis un an, les défilés pro-islamistes et les appels à « l'intifada », la lutte armée, résonnent dans les pays arabes et musulmans tout autant qu'à travers l'Occident.


L'Égypte et l'Arabie saoudite, clients de la France

Israël se bat pour sa survie. Et c'est ce moment que choisit Emmanuel Macron pour appeler ses pourvoyeurs d'armes (c'est-à-dire, pour l'essentiel, les États-Unis) à cesser de lui en livrer ! L'heure est, pour le moins, mal choisie. Son propos souffre de plusieurs autres défauts.

L'hypocrisie, d'abord. En quoi serait-il plus immoral de livrer des armes américaines à Israël, pays agressé par la République islamique et ses affidés, que des équipements militaires français aux pays arabes ? Parmi nos principaux clients figurent l'Égypte, une dictature qui opprime son peuple ; l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, qui ont contribué à un cataclysme humanitaire au Yémen ; le Qatar, qui a longtemps financé le Hamas.


L'incohérence, ensuite. Il y a un an, Emmanuel Macron prétendait mettre sur pied une « coalition internationale » contre le Hamas – qui n'a jamais vu le jour. Le changement de pied est total ; il s'agit désormais de cesser d'armer le bras d'Israël à Gaza, tout en proclamant « en même temps » l'amitié « indéfectible » de la France pour ce pays.

Avec des amis comme ça, Israël n'a pas besoin d'ennemis. Vu la tragédie qui ne cesse de s'aggraver depuis un an au Proche-Orient, le président est dans son rôle lorsqu'il souligne l'urgence de passer du militaire au politique. Mais en désarmant Israël ? Alors que la priorité devrait être la lutte contre le terrorisme islamiste ?


Déjà, après l'explosion du port de Beyrouth

La complaisance, également. S'en prendre à Israël mais pas à l'Iran, qui surarme les milices terroristes à travers la région, c'est blâmer la victime et épargner l'agresseur. C'est pratiquer le deux poids, deux mesures. Un défaut déjà apparu lorsqu'Emmanuel Macron avait pointé du doigt Israël après l'élimination du chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, sans rappeler les méfaits de la milice chiite – même pas les attentats anti-français dont elle est coupable, par exemple celui de la rue de Rennes à Paris, ou les 58 parachutistes français tués en 1983 dans l'attentat du Drakkar à Beyrouth.


Déjà en 2020, le refus du président de nommer le coupable de l'explosion dans le port de Beyrouth (plusieurs centaines de morts, du fait de la détonation d'un gigantesque stock de nitrate d'ammonium du Hezbollah) avait fait le lit de la vanité des efforts qu'il déployait alors pour permettre à l'État libanais de restaurer un semblant d'autorité.


Si l'on avait aidé le Liban à se libérer de l'emprise du Hezbollah, le Proche-Orient ne serait probablement pas plongé dans une crise aussi grave que celle qui le convulse aujourd'hui. C'est Hassan Nasrallah qui, avant sa mort, a entraîné le pays du Cèdre dans une guerre qui n'est pas la sienne.

En laissant entendre que le problème prioritaire est celui des armes d'Israël, le président de la République pratique un « signalement de vertu ». Il envoie un message aux Français horrifiés par la guerre, en espérant faire croire qu'il agit pour ramener la paix. Il fait en même temps, peut-être malgré lui, le jeu des extrémistes de La France insoumise. Mais il ne contribue en rien à régler les problèmes du Proche-Orient.


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